Marie Landaburu, Cheffe de projet chez TotalEnergies Renouvelables France, orchestre le développement du photovoltaïque dans le Béarn, un territoire stratégique pour la Compagnie. Ses missions ? Coordonner les études techniques, environnementales et le dialogue avec toutes les parties prenantes. Interview.
Marie Landaburu : Diplômée d'un master en économie de l'énergie et de l'environnement, j'ai rejoint TotalEnergies Renouvelables France en 2020, à l'issue de mon stage de fin d'études. Aujourd'hui, je suis Cheffe de projet photovoltaïque à l'agence de Nouvelle-Aquitaine, basée à Bordeaux. Je travaille principalement sur des projets implantés sur le territoire béarnais. Une région que je connais bien puisque je suis originaire du Pays basque ! L'agence compte une trentaine de collaborateurs, spécialisés sur l'ensemble des métiers de la chaîne : prospection, développement, construction, exploitation et maintenance.
M.L : Le Béarn représente un territoire stratégique pour TotalEnergies. Nous y développons plusieurs projets photovoltaïques sur d'anciennes friches industrielles, notamment d'anciens puits de gaz réhabilités. A ce jour, une dizaine de projets sont en cours, pour une puissance cumulée de 17 MWc. Notre Compagnie multi énergies a déjà reconverti plusieurs de ses sites autour du champ de Lacq, comme à Meillon-Saint-Faust, Carresse-Cassaber ou Noguères. Ces revalorisations participent non seulement à la transition énergétique du territoire, mais répondent également aux objectifs de neutralité carbone de TotalEnergies. Mes missions principales ? Coordonner les études techniques et environnementales, jusqu'à la construction de la centrale. Nos projets s'inscrivent dans le temps long (3 à 5 ans en moyenne), car ils sont soumis à des permis de construire et à des études d'impact. J'assure aussi tout le volet concertation avec l'ensemble des parties prenantes : élus locaux, services de l'Etat (Préfectures, DDT, DDTM) et riverains afin de garantir la bonne acceptation du projet, à l'approche de l'enquête publique. En général, sur les anciennes friches industrielles, les oppositions restent rares.
M.L : Mon tout premier projet photovoltaïque, sur les hauteurs de la commune d'Arbus, à l'ouest de Pau ! Il s'agit d'une ancienne friche d'exploration et de production de gaz, réhabilitée par Retia, filiale de TotalEnergies. Les études environnementales ont débuté dès 2018. Pour limiter l'impact sur la biodiversité, nous avons préservé les mares de compensation existantes et mis en place des aménagements écologiques spécifiques : tas de sable pour favoriser le retour sur site du petit gravelot, une espèce d'oiseau protégée, création d'hibernaculum, ces amas de cailloux qui servent d'abris aux reptiles.
Sur le plan local, nous avons travaillé main dans la main avec l'équipe municipale, et avons organisé plusieurs permanences publiques, en lien étroit avec la Direction départementale des territoires et de la mer, pour présenter aux habitants les enjeux du projet, son dimensionnement et ses impacts. La centrale, actuellement en cours de construction, représentera 2,9 MWc, soit l'équivalent de la consommation électrique (hors chauffage) d'environ 2 500 habitants. Elle comptera près de 5 000 panneaux photovoltaïques fixes, tous orientés plein sud.
M.L : Absolument. La Nouvelle-Aquitaine est aujourd'hui la première région de France en puissance photovoltaïque installée, et le Béarn offre un "terrain de jeu" propice au déploiement de nouvelles centrales. Le territoire dispose déjà de nombreux actifs et exploite à ce jour 63 MWc, l'équivalent de la consommation électrique (hors chauffage) de 50 000 personnes. Cette dynamique s'explique par une législation incitative : L'Etat, en effet, encourage la reconversion des friches industrielles dans le cadre de sa Stratégie nationale bas carbone (SNBC). C'est donc très cohérent d'y concentrer nos efforts, dans la mesure où TotalEnergies a toujours été très présent sur le territoire béarnais avec son ancienne activité gazière.
M.L : Oui, nous collaborons notamment avec le Pôle Environnement et Recherche de Lacq (PERL) qui dépend de l’Etablissement TotalEnergies de Pau, sur les enjeux liés à la biodiversité. Une étude comparative a été menée par un ingénieur du PERL sur l’évolution de la qualité des sols sur le site d'Arbus, entre la fin de l'exploitation de gaz, la phase de réhabilitation et l'implantation de la future centrale photovoltaïque. Le supercalculateur Pangea et les labos du Centre scientifique et Technique Jean Feger de Pau (CSTJF) ont désormais aussi des activités liées au solaire comme par exemple l’exploitation des données satellitaires ou encore la modélisation fine de la diffusion du rayonnement solaire, qui permettent d’optimiser le design des installations photovoltaïques notamment en utilisant des panneaux solaires bifaciaux, pour une meilleure adaptation à l’environnement. Ce type de projet est plus complexe car les lacs d'irrigation ont des marnages importants, entre 7 à 10 m, contrairement aux lacs de carrière où la hauteur de l'eau varie peu. Leur expertise permet d'étudier notamment l'impact des panneaux sur la qualité de l'eau pour nos projets de PV flottant sur des lacs d’irrigation. Pour la Compagnie, ce type de projets sont des pistes d'avenir, puisque l'Etat nous encourage à développer des projets solaires sur des plans d'eau anthropisés. Dans ce cadre, nous avons récemment noué un partenariat avec des irrigants dans les Pyrénées Atlantiques.
M.L : Nous planchons activement sur des projets en autoconsommation collective. L'idée est de créer des boucles locales, permettant aux habitants et aux entreprises de consommer directement l'électricité produite par nos centrales, via des contrats d'achat d'électricité. Nous n'avons pas encore lancé de projets de ce type dans le Béarn, en revanche, un dossier est en cours d'instruction sur la communauté de communes des Landes d'Armagnac. Baptisé Néela, ce projet est co-développé avec la communauté de communes, la SEM locale et la Région. Il incarne notre volonté de développer une approche collective. Et franchement, j'espère avoir la chance de porter prochainement un projet similaire dans le Béarn !
Au CSTJF, à Pau et au Pôle d’Etudes et de Recherche de Lacq (PERL), plusieurs équipes de chercheurs travaillent sur l’agrivoltaïsme de demain. Elles étudient les impacts des panneaux solaires sur les sols et les cultures, collectent des centaines de données qui viennent alimenter les modèles de croissance des plantes et algorithmes de pilotage des panneaux photovoltaïques.
La production d’énergie renouvelable solaire sur lac d’irrigation est lancée par un partenariat entre TotalEnergies et un groupement d’agriculteurs béarnais signé au CSTJF.
Conscient de l'impact environnemental de ses activités, TotalEnergies a intégré les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies dans sa politique environnementale. Avec « Ambition Biodiversité », la Compagnie a initié une stratégie ambitieuse et volontariste qui vise non seulement à répondre aux plus hauts standards environnementaux, mais aussi à jouer un rôle actif dans la préservation de tous les écosystèmes.