Viscosité du sang : le PERL met au point un dispositif de mesure pour les hôpitaux...
- Dans le cadre d’un projet de recherche, visant à faire reconnaître la mesure de la viscosité du sang comme une donnée des diagnostics médicaux, l’association Hemovis a besoin d’un dispositif de mesure adapté au milieu hospitalier.
- L’équipe Microfluidique et Rhéologie du Pôle d’Etudes et de Recherche de Lacq met à contribution son savoir-faire et saisit cette opportunité de mener une mission d’intérêt public et faire avancer la recherche.
- Grâce au dispositif ACTION!, quatre chercheurs ont pu se mobiliser bénévolement pour réaliser un prototype de viscosimètre. Le développement de cet équipement innovant repose sur les travaux antérieurs de l’équipe sur la mesure de viscosité en milieu pétrolier. Prise en compte des contraintes et adaptation du matériel, un pont est créé entre le monde pétrolier et le monde hospitalier !
Avec ce viscosimètre médical, l’association Hemovis fondée par Alexandre de Tilly et soutenue par le Professeur Xavier Monnet du service réanimation de l’hôpital Bicêtre à Paris, disposera d’un équipement qui va lui permettre de faire reconnaître la viscosité du sang comme une donnée hémodynamique indispensable pour améliorer la prise en charge des patients, si possible avant « l’orage inflammatoire » et la détresse circulatoire. Une information qui faisait défaut jusqu’ici dans les services réanimation, faute de pouvoir la mesurer de façon fiable et simple. Un espoir dans la lutte contre la mortalité liée à la COVID-19.
Faire avancer la recherche médicale
Il s’avère que l’écoulement des fluides dans les pores d’un réservoir pétrolier présente des similitudes avec l’écoulement du sang dans les veines. Un langage est commun entre le monde pétrolier et le monde médical, la physique. En pleine crise sanitaire, l’équipe du PERL a souhaité partager ses compétences techniques et transférer les savoir-faire du centre d’expertise de TotalEnergies à Lacq en matière de mesure de viscosité.
Afin de pouvoir consacrer du temps à ce projet ambitieux et poursuivre la collaboration dans les meilleures conditions, les chercheurs se sont appuyés sur le Programme Action! qui permet à chaque salarié de TotalEnergies de mener, sur son temps de travail, des missions bénévoles pour une association.
« Dans un premier temps, nous avons prêté à Alexandre de Tilly, fondateur d’Hemovis, un viscosimètre dernière génération acheté par le PERL pour ses travaux sur la récupération assistée du pétrole. Il a utilisé l’appareil dans le service réanimation de l’hôpital Bicêtre pour faire plus de 200 mesures de viscosité sur des prélèvements sanguins », expliquent Stéphane Jouenne, Enric Santanach-Carreras, Guénaëlle Hauret et Guillaume Heurteux. Le retour d’Alexandre de Tilly: «Les mesures sont satisfaisantes mais l’utilisation de cet appareil est assez contraignante et son prix est prohibitif… »
Un dispositif robuste et mobile, adapté au milieu hospitalier
Afin de faciliter le déploiement de ce type de mesure dans le milieu hospitalier, l’équipe de chercheurs souhaite alors aller encore plus loin en développant eux-mêmes un viscosimètre « low cost » encore plus efficace. En échangeant avec l’équipe Hemovis, ils constatent que les contraintes pétrolières et hospitalières sont assez proches : l’équipement doit être robuste, léger, facile et rapide à utiliser, à déplacer et à nettoyer. Le principe de mesure est le même, seul l’environnement change. On passe d’un environnement offshore ou désertique à la chambre d’hôpital. Il faut donc adapter le matériel, sachant que le sang est un liquide biologique qui évolue vite à partir du moment où il est prélevé. « Nous avons fait le choix de travailler avec des consommables couramment utilisés en milieu hospitalier - seringues, tubes de prélèvement - et de renforcer la technologie de mesure. Plutôt que d’installer des débitmètres coûteux et plein d’électronique, nous avons mis au point un système de mesure léger. Une première ! ». Il faut aussi s’adapter au volume, passer de mesures en milieu pétrolier sur plusieurs litres de solution visqueuse, à une seringue contenant 1 ml de sang !
« Nous sommes fiers d’avoir mis nos compétences au service de l’intérêt général et de la santé. Nous retirons une grande satisfaction à transposer un savoir-faire d’un cas d’application pétrole au domaine médical.», conclut le quartet. Aujourd’hui, le prototype « maison » est sur le point d’être finalisé et de nouveaux tests vont être réalisés prochainement sur des patients en réanimation.