« GRIF, de l’acronyme Graphiques Interactifs pour la Fiabilité, est une suite logicielle composée d’une douzaine de modules, développée par des ingénieurs du CSTJF au début des années 1980. Un outil reconnu depuis plus de 40 ans qui ne cesse d’évoluer et de séduire », explique Maïder Estécahandy, ingénieure fiabilité, en charge du projet GRIF. Aujourd’hui les modèles mathématiques réalisés à l’aide de GRIF accompagnent les projets de TotalEnergies mais aussi ceux d’instituts de recherche et de plus de 130 industriels dans le monde : aéronautique, défense, télécommunications, santé, énergie… Le produit GRIF est commercialisé en externe depuis 2005 et plus de 300 licences ont été vendues. Il permet de réaliser des études de sécurité et de disponibilité de production (Production Availability Study – PAS). « GRIF est un outil puissant capable d’intégrer des centaines de données et de traiter des modèles extrêmement complexes pour optimiser la production, la sécurité, les coûts et l’empreinte carbone. C’est la raison pour laquelle nous l’utilisons dans le cadre du projet de séquestration de CO₂ Aramis pour en évaluer les performances à travers une étude PAS », poursuit Maïder Estécahandy. En 2016, GRIF a été connecté au supercalculateur PANGEA du CSTJF. « Depuis, les calculs, qui prenaient plusieurs jours sur PC standard, sont bouclés en quelques minutes ».
Nos équipes vous expliquent :
Le captage-stockage de CO₂ fait partie des solutions étudiées par TotalEnergies et de nombreuses industries pour atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire ne pas émettre plus de gaz à effet qu’on est capable d’en retirer. Le principe ? Capter le CO₂ produit, le transporter jusqu’à des champs de gaz offshore épuisés et le stocker. Tel est l’objet du projet Aramis pour lequel une première étude de disponibilité a été réalisée en 2021 avec le module Petri de GRIF, un outil graphique et mathématiques qui permet de modéliser le comportement d’un système industriel complexe. Un algorithme d’optimisation d’injection a été mis en place, sur la base de données telles que l’état des équipements, la quantité de CO₂ dans les cuves de stockage et de l’arrivée du prochain bateau, la concentration en CO₂ (liquide ou gazeux), la pression dans le réservoir, les quantités déjà injectées, la température… Le modèle était actualisé toutes les heures pour évaluer les quantités injectées. Grâce à PANGEA, à chaque actualisation, le temps de calcul ne dépasse pas dix minutes pour plus de 10 000 simulations. « Cette étude a validé le fait que la méthodologie GRIF, utilisée jusqu’à présent pour réaliser des études de disponibilité dans le secteur des énergies fossiles, est aussi pertinente pour l’analyse des systèmes de stockage de C0₂ et pour tous les projets de transition énergétiques (éolien, solaire…) », conclut Maïder Estécahandy.
Le projet Aramis associe TotalEnergies, Shell Pays-Bas, Energie Beheer Nederland (EBN) et Gasunie, qui ont conclu un accord de partenariat pour permettre la décarbonation à grande échelle des clusters industriels aux Pays-Bas et le stockage du CO₂ dans des réservoirs déplétés en mer du Nord. Les installations devraient être opérationnelles dès 2026.
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