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Les Rivières Pilotes, un laboratoire en plein air unique en Europe

  • Une infrastructure de 16 cours d’eau artificiels a été construite en 2000 au Pôle d’Études et de Recherche de Lacq (PERL). 
  • Sans équivalent dans l’industrie en Europe, sa vocation est d’étudier les impacts des diverses molécules sur les cours d’eau via des indicateurs biologiques. 
  • Un partenariat avec l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et un groupe international permet de pousser les recherches.

 

 
« Alimentées par les eaux du Gave de Pau, l’un des affluents de l’Adour, les Rivières Pilotes sont représentatives de son écosystème. Il s’agit de 16 canaux de 40 mètres de longueur, exposés à la lumière naturelle et aux conditions météo réelles, alimentés par une eau de très bonne qualité (17/20), idéale pour étudier l’impact de différentes molécules ou modifications du milieu », explique Patrick Baldoni-Andrey, responsable du service Environnement Développement Durable du PERL. « Avant-gardiste dans les années 2000, créée pour anticiper une réglementation de plus en plus stricte sur les rejets dans le milieu naturel, l’infrastructure permet de reproduire fidèlement la biodiversité de la rivière, de mesurer la toxicité potentielle de différents composés et de tester différents dispositifs de surveillance de l’eau ». ajoute-t-il.

 

 

A Lacq, des campagnes à la loupe

Une campagne d’exposition dure environ trois mois. Première étape, l’ensemencement. L’équipe des Rivières Pilotes, constituée de 2 ingénieurs et de 3 techniciens, fait rentrer l’eau dans la pépinière, riche en galets, sédiments et autres substrats naturels issus du Gave de Pau. L’eau coule ensuite dans les 16 canaux qui seront colonisés par la vie - faune et flore - en seulement 4 semaines. Lorsque l’écosystème est reproduit à l’identique, on peut passer à l’étape suivante, c’est-à-dire l’exposition, également sur quatre semaines. « Il s’agit d’évaluer la toxicité de différents composés : mélange complexe de produits, hydrocarbures, métaux, additifs, rejets d’épuration… sur le milieu aquatique ». Troisième étape, la phase de récupération naturelle qui dure un mois après la fin de l’exposition, vise à étudier la réversibilité des phénomènes. Des données sont collectées grâce à différents dispositifs de surveillance des impacts : les capteurs, les analyses, les comptages, mais aussi et de plus en plus, les informations livrées par les organismes vivants, notamment les coquilles d’escargots qui tracent parfaitement la qualité de l’eau. « En vingt ans, les systèmes de suivi des eaux ont considérablement évolué, pour passer d’un monitoring chimique à un monitoring par le vivant », poursuit Patrick Baldoni-Andrey. « Les Rivières Pilotes permettent de disposer d’indicateurs biologiques précis, d’évaluer les risques inhérents à différentes substances et de trouver des alternatives pour protéger le milieu récepteur ».

 

A Pau, une chaire industrielle

Depuis 2019, les Rivières Pilotes font l’objet d’un partenariat et d’une chaire industrielle avec l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) et le groupe minier anglo-australien Rio Tinto. Le trio mène un programme de recherche commun sur les impacts des métaux sur le milieu naturel. Il s’agit d’étudier la biodisponibilité des métaux c’est-à-dire leur toxicité potentielle sur l’environnement (quantité, forme…), d’utiliser la réponse du vivant pour mieux tracer les métaux et leur impact sur les organismes présents dans l’eau, d’intégrer les nouveaux outils de génomique (science qui étudie le génome, terme pouvant être résumé comme l'ensemble du matériel génétique stocké sous forme d’ADN dans les cellules d’un individu ou d’une espèce) pour faire des analyses plus rapides et plus exhaustives. « Hier, on grattait les biofilms présents sur des cailloux et on envoyait les prélèvements à des taxonomistes (des biologistes spécialisés dans la classification et la diversité du vivant) aujourd’hui on prélève ces mêmes biofilms et on les analyse via la génomique, une méthode plus performante avec des résultats plus rapides et plus complets », précise Patrick Baldoni-Andrey. Depuis quatre ans, cette chaire qui pourrait être reconduite jusqu’en 2029, a permis d’accroître encore les compétences en matière de mesure d’impact sur sites : précision des données éco toxicologiques, preuves de faible toxicité et zéro impact, anticipation des évolutions règlementaires et implémentation des outils génomiques dans les pratiques de la Compagnie...