Lauréat de l’appel d’offres Centre Manche 2, TotalEnergies va développer le plus grand parc éolien offshore jamais construit en France. Situé au large des côtes normandes, ce projet de 1,5 GW produira à terme 6 TWh par an, soit l'équivalent de la consommation d'un million de ménages. Monica Burgos Egido, responsable Operations & Maintenance (O&M) pour l’éolien offshore au CSTJF de Pau, détaille la genèse de ce projet hors normes et explique la stratégie d'exploitation du site pour les 3 décennies à venir.
Monica Burgos Egido a rejoint TotalEnergies en 2009, et a passé plus de 14 ans dans le secteur Oil & Gas, sur des missions à l'international, en Argentine, à Abu Dhabi, en Angola et en Corée du Sud. Avec la nouvelle stratégie de la Compagnie en faveur de la transition énergétique, les énergies renouvelables ont pris un essor considérable chez TotalEnergies. Une équipe « offshore wind » a commencé à se structurer au CSTJF à Pau et recherchait des profils capables de transposer leur expertise offshore vers l’éolien en mer. Elle a rejoint l'aventure en 2023, et a, depuis, travaillé sur plusieurs projets européens, dont Centre-Manche 2, que nous venons de remporter.
C'est le plus grand projet d’énergie renouvelable jamais développé en France ! Situé à plus de 50 kilomètres des côtes normandes, il produira environ 6 TWh d'électricité par an.
MBE : Je suis responsable de la partie Operations & Maintenance (O&M). Concrètement, il s'agit de concevoir la « philosophie d’exploitation » du site pour les 35 prochaines années… alors que rien n’est encore construit ! Autrement dit, nous devons anticiper tous les besoins futurs : les bases logistiques à terre, les entrepôts, les ateliers, les effectifs, les moyens logistiques marins, etc.
Pour cette « visualisation stratégique », nous travaillons en synergie avec les équipes logistique, qui étudient notamment la capacité des ports normands à s'adapter pour accueillir des activités offshore. Nous échangeons également avec les spécialistes océano méteo qui réalisent des études préliminaires sur les conditions en mer (courants, vent, houle). Ces données sont indispensables pour bien définir la vitesse du vent à hauteur de turbines et l’accessibilité des navires, afin de modéliser l'exploitation du site au plus près de la réalité terrain.
MBE : Le premier, c’est la distance. Centre-Manche 2 est éloigné des côtes, ce qui impose des contraintes particulières de logistique et de maintenance. Nous travaillons avec des modèles probabilistes du GRIF pour simuler 35 ans d’opérations sous conditions météo réalistes et anticiper les pannes potentielles, comme une avarie sur une pale, et ainsi identifier les ressources nécessaires pour y faire face. D’ailleurs nos collègues au CSTJF développent actuellement GRIF Wind, un outil interne pour pouvoir faire ses modélisations avec beaucoup de précision en utilisant la capacité de notre supercalculateur Pangea hébergé à Pau (CSTJF).
L'autre grand défi, c'est l’échelle même du projet. On parle ici de turbines de nouvelle génération, pouvant atteindre 21 MW chacune. Ce sont de véritables géants marins, sans précédent industriel. C’est un saut technologique inédit, car nous devons construire nos propres scénarios de fiabilité et d'intervention, sans pouvoir nous baser sur des retours d'expériences concrets…
MBE : Les opérations de maintenance offshore sont complexes et coûteuses, car elles nécessitent des navires spécialisés. Nous devons faire des arbitrages stratégiques entre les SOV (Service Operation Vessels), véritables bases de vie flottantes capables d’héberger 60 à 70 techniciens, ou des bateaux de transfert plus petits et moins onéreux, mais dépendants des conditions météo.
Trouver le bon équilibre entre performance, sécurité et viabilité économique est essentiel, car chaque décision logistique impacte les coûts d’exploitation et la production du champs et de ce fait, la rentabilité du projet.
MBE : La France impose désormais des règles strictes en matière d’émissions, aussi bien pour la phase de construction que pour celle d'exploitation. Nos modélisations intègrent une analyse complète du cycle de vie de nos opérations : choix des ports, type de navires, fréquence des interventions… TotalEnergies a également renforcé son engagement environnemental en allouant au minimum 45 millions d’euros pour des mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts, et 15 millions d’euros supplémentaires à un fonds dédié à la préservation de la biodiversité en Normandie.
Par ailleurs, nous visons au minimum 95 % de réemploi ou recyclage des composants (pales, mâts, nacelles) et 100 % pour les aimants des génératrices.
MBE : Absolument. Centre Manche 2 est un parfait exemple de la convergence de toutes les expertises du CSTJF : ingénierie offshore, exploitation, logistique, environnement… Nous capitalisons sur des décennies de savoir-faire en mer pour bâtir un modèle plus durable et plus local. L’objectif est clair : être capable de concevoir, construire et exploiter des grands projets offshore wind au service de la transition énergétique, avec le même niveau d'exigence que dans le secteur de l'Oil & Gas.
Pour l'instant, nous sommes en phase d’études approfondies, avant la décision finale d’investissement prévue pour 2029. Si tout se déroule comme prévu, la mise en service interviendra en 2033, en phase avec le calendrier de raccordement de RTE.
Téléchargez le communiqué de presse : « France : TotalEnergies choisi par l’Etat en tant qu’opérateur du plus grand projet d’énergie renouvelable du pays »
Entre technologie de pointe et intelligence artificielle, depuis Pau, TotalEnergies déploie de multiples expertises pour assurer la maintenance complexe de ces géants des mers.
TotalEnergies mise sur le développement des énergies renouvelables – éolien, solaire et hybride thermique et stockage – pour relever les défis du changement climatique et répondre aux nouvelles attentes en matière de fourniture d’énergie.
Depuis l’Etablissement TotalEnergies de Pau, Maïder Estécahandy pilote le projet GRIF (GRaphiques Interactifs pour la Fiabilité). Ingénieure Fiabilité, elle décrypte un métier où les calculs complexes jouent un rôle central dans le contexte de transition énergétique.